Amies ? [pv Hana et Etsuko]

-Ah ! Tu ne m’échapperas pas ! Je finirais par t’avoir ! Rien ne sert de e cacher derrière cette fleur, je te vois ! ... Et oui, j’ai des ailes, comme toi, ce qui explique donc ma capacité à m’envoler ! Ah, voila, enfin !
Etsuko, un immense sourire lui barrant le visage soupira en serrant contre elle la pauvre tartine qui s’était démenée comme une diablesse pour lui échapper, en vain... En effet, rien ne résistait à la passion de la petite amatrice de bleu pour tout ce qui avait des ailes, que ce soit à plume, à carapace, ou, moins commun, à poils, ou encore, à tartines !
-Câliiiin ! Ah, je t’aime ma petite tartine ! Dis, au fait, je peux t’appeler Tartoche ? Oui ? Ah, je t’adore ! Quoi ? Tu veux encore joué ? Bon, ok, c’est moi le chat !
Et, la voila de nouveau partie à la poursuite de la tristement-nommée, Tartoche. Ah, infatigable Etsuko...
Tartoche ayant, une fois n’est pas coutume, réussi à lui échapper et s’étant réfugiée dans les branches touffues d’un pot-de-confiturier, un étrange et complexe mécanisme mental la banni des pensées de la petite fée qui, l’ayant tout à fait oubliée, n’en fut pas désappointée pour un sou... Ah, surprenante Etsuko...
Elle se dégota une nouvelle compagne de jeu en la personne, ou plutôt en la tartine d’une minuscule tranche de pain toute tremblante qui avait tenté, manifestement trop tard, de se cacher derrière une fleur. Etsuko la surnomma d’office Tartochette (Pauvre, oh pauvre, Tartochette...) et se lança dans une partie effrénée de Touche-Tartine. Ah, surprenante Etsuko...
Elle allait parvenir à toucher un des coins de Tartochette, quand, un mouvement étrange attira son attention. Loin des yeux, loin du cœur comme on dit, Tartochette s’envola furtivement vers le pot-de-confiturier et put enfin se reposer sur une branche hors de vue et de l’énergie démesurée de la petite fée. Ladite fée se précipita vers la source du mystérieux mouvement en babillant intérieurement sur ce que cela pouvait bien être, elle avait tour à tour envisagé une tartine-beurrée géante, un cheval à bascule volant à l’envers entouré d’une nuée de nœuds-papillons roses et verts, un canard en plastique rose à poids verts (Elle se sentait très portée sur le rose et le vert aujourd’hui...)... Ah, imaginative Etsuko...
Mais, ce ne fut ni une énième Tartochinette, ni un cheval, ni même un canard qui avait capté l’attention papillonnante d’Etsuko. La surprise-mais-pas-déçue-pour-un-sou-petite-fée se retrouva devant une jeune fille qui s’efforçait d’attraper une tartine-beurrée, jusque là manifestement sans succès...

Cela semblait faire un petit moment qu'Hana se promenait dans la Clairière des Tartines-Beurrées... Enfin, qui le savait ? Le temps ici était si farceur que quelques minutes pouvaient passer en plusieurs heures, et vice-versa. La jeune fille sortait rarement du château, si ce n'est pour faire une promenade, car Marmoréal était un lieu paisible et en sécurité, contrairement à nombre de lieux dans le Pays des Merveilles. Cependant, le but d'Hana ce jour-là n'était pas de se promener mais d'extraire du jus de beurre de ces fameuse tartines-beurées. Ce doux liquide jaunâtre était utilisé dans beaucoup de potions et autres élixirs, mais il n'y en avait plus au château. La Reine Blanche ne lui avait pas demandé, ça non, mais Hana avait décidé de prendre elle-même l'initiative d'aller en chercher. Après tout, cette dernière n'allait pas très bien en ce moment et la jeune fille à la longue chevelure avait décidé de lui laisser un peu d'intimité avec Kathe, si cela pouvait la réconforter... Bref, Hana s'était mise à la tâche, guère facile.

- Bande d'empotées! Descendez de là-haut! Je ne vous ferai pas de mal, c'est promis!

Mais malgré toutes ses protestations, les bestioles semblaient bien se moquer d'elle en virevoltant de-ci, de-là, ce qui ne faisait qu'enrager encore plus la jeune fille...

Hana tenta tout d'abord d'en attraper une en lançant un des deux longs pans de sa robe, en vain: la tartine l'avait agilement esquivée et narguait la jeune fille en se posant sur une branche de pot-de-confiturier, à côté d'une autre qui semblait, bizarrement, craintive de quelqu'un ou quelque chose.
Une autre idée vint frapper l'esprit de la jeune fille. Elle fit donc mine de contourner le gros champigrognon, pour être hors de la vue des tartines... Dès lors, elle grimpa sur ce dernier, difficilement, ce qui lui permettait d'atteindre les tartines par derrière. Ce procédé semblait fonctionner. Hana tendit la main vers la tartine, qui ne se doutait probablement de rien. Elle la tendit, tendit, tendit...
Tout d'un coup, le chapeau du champignon céda sous son poids, faisant tomber la jeune fille en arrière. Elle se cogna la tête contre le pot-de-confiturier, ce qui fit bouger quelques branches, et qui affola les deux tartines: quelques secondes plus tard, tout au plus,lces dernières étaient hors de sa vue...

-Ouille... gémit-elle.

Le champigrognon grogna quelques mots d'une langue incompréhensible, probablement parce qu'il n'avait plus son chapeau, et un nouveau lui apparut sur sa tête. Hana se releva et aperçut une nouvelle tartine. Elle sautilla pour l'attraper mais fut surprise par une petite créature bleue, qui semblait la dévisager gentiment. La jeune fille s'arrêta pour la regarder à son tour.

-Une fée! souffla-t-elle, constatant la paire d'ailes que portait la créature dans son dos.

Etsuko regardait la jeune fille qui la regardait elle-même avec de grands yeux, elle avait de longs cheveux blancs. D’ailleurs, la petite fée se rendit soudainement compte que cette couleur était des plus charmantes. En effet, le blanc ivoire semblait emprisonner les rayons du soleil pour le renvoyer ensuite dans toutes les directions. La fée hésita un instant à s’approcher pour toucher un rai de lumière et voir quelle consistance ça avait, mais elle se rendit compte que la jeune propriétaire de cette merveilleuse chevelure était présentement en train de la regarder fixement les yeux écarquillés. Etsuko compris (ô miracle, elle connait le verbe « comprendre » !!) à l’aspect quelque peu décoiffé de la jeune fille qu’elle était venu afin d’attraper des tartines-beurrées... Toute excitée par la possibilité d’avoir dénichée une nouvelle compagne de jeu, la petite fée se mit à voleter autour de la jeune fille, de plus en plus vite, en l’observant sous toutes les coutures, pendant qu’un grand sourire fleurissait sur son visage. La jeune fille semblait un peu sonnée, peut être l’effet du soleil... Ses yeux papillonnaient de sa robe d’un blanc qui s’était assez récemment ornée de toutes sortes de couleurs, sûrement fait de sa chasse infructueuse, à la petite tache bleue qui virevoltait toujours plus vite et toujours plus près d’elle. De plus, comme elle avait les cheveux et la peau très pales, les rayons dorés ne pouvaient avoir que plus d’effets sur la pauvre jeune fille. Soudain, Etsuko s’arrêta brutalement à quelques centimètres du visage de la jeune fille, son sourire lui barrant toujours le visage. Elle la dévisagea un instant avec suspicion, son petit nez extrêmement proche de celui de la jeune fille, ce qu’elle avait put observer sur le visage de l’objet de son attention sembla lui plaire car son sourire revint tout d’un coup, encore plus grand si cela était possible. Soudain, sans s’éloigner d’un battement d’ailes :

-Comment tu t’appelles ?

Hana était littéralement fascinée par la jolie créature tout de bleu vêtue. En effet, elle n’avait jamais vu de fée de sa vie et l’aspect de celle-ci provoquait chez la jeune fille une rêverie profonde, et laissait la fée voir sa bouche disgracieusement entrouverte. Elle se rendait à moitié compte que celle-ci semblait aussi interloquée par elle. Dans la seconde qui suivit, elle se décrivit la petite fée.

Ses cheveux semblent tout doux… Et ce bleu. Qu’il est profond !

Le bleu était une de ses deux couleurs favorites, avec le blanc. C’était une teinte qui figurait dans la salle du trône, à Marmoréal. Cependant, ce n’était ni le château ni même la Reine Blanche qui occupaient ses pensées en ce moment précis, bien que cette dernière figure souvent dans son esprit : la jeune fille n’avait d’yeux que pour la fée, cette magnifique fée. Tout d’un coup, la créature se mit à virevolter, tout autour d’elle, tout sourires, de plus en plus vite.

Elle tourne vite ! On dirait qu’elle essaie de me regarder sous tous les angles…

Hana ne voyait désormais plus qu’une petite tache de bleu qui lui parut comme un océan bleuté et cela lui donna le tournis. Un peu, même beaucoup sonnée, la jeune fille tenta néanmoins de se concentrer sur la petite fée.
Petite fée… qui s’arrêta brusquement devant elle, très près d’elle. Son nez pouvait presque toucher celui de la petite créature, qui la dévisagea avec une légère perplexité, ce qui provoqua chez Hana un brusque rougissement. Elle pouvait dès à présent regarder tout les petits détails de l’aspect de la petite fée. Tout était d’une finesse délicate chez elle : ses cheveux, ses yeux, tout semblait presque iréel. Pourtant, elle était bien là. La petite fée élargit son sourire plus qu’elle ne l’avait déjà étiré et semblait satisfaite de la réaction d’Hana.

La façon dont elle sourit est drôle ! Cela me rappelle un peu Cheshire, le chat de Chester…

Pendant ce bref intervalle, qui pourtant parut comme une éternité, Hana s’imagina amie avec la créature. Mais la fragilité de cette dernière rappela la jeune fille à l’ordre. Elle devait lui parler, soit pour clore cette rencontre et donc pour l’éloigner d’elle pour la préserver en sécurité de ses sautes d’humeur, soit dialoguer avec elle et devenir son amie, ce qui paraissait à la fois excitant et terrifiant pour la jeune fille. En effet, entrevoir une relation amicale avec la petite fée pouvait s’avérer bien plus intéressant que les relations qu’elle avait eues avec les autres habitants du pays des Merveilles. Ce qui fit penser cela à Hana était tout d’abord la simplicité de vie et d’esprit que semblait évoquer le comportement de la petite fée, ce qui était indubitablement déconcertant pour quelqu’un qui se torturait, la plupart du temps, l’esprit. Cependant, ce fut la petite fée qui la doubla…

-Comment tu t’appelles ?
-Hein ? Je… m’appelle Hana, Hana… Shiro. Mais tout le monde, enfin en général, m’appelle euh… Hana. Oui, c’est ça, Hana, baffouilla-t-elle.